L’infirmier peut être amené, notamment aux urgences, à prendre en charge des blessés qui présentent des plaies nécessitant une suture. Quelles sont ses compétences dans ce domaine ?
Une compétence longtemps réservée aux infirmiers de bloc opératoire
Cette compétence suppose plusieurs savoir-faire :
identifier les différentes techniques de fermeture ;
choisir la technique de fermeture en fonction des risques potentiels liés à l’intervention et au patient ;
choisir le dispositif médical stérile adapté aux caractéristiques du patient et à la nature de l’incision ;
choisir les instruments correspondant à la technique et aux caractéristiques du patient ;
mettre en œuvre les différentes techniques de fermeture ;
contrôler la fermeture et le drainage et identifier les anomalies.
Une compétence désormais reconnue aux infirmiers diplômés d’Etat, mais seulement pour les sutures simples aux urgences
Le champ de compétences de l’infirmier est restreint dans la mesure où il ne peut intervenir sur tous types de sutures et pour tous types de patients.
Les conditions suivantes doivent être réunies :
Une plaie simple, c’est-à-dire : peu profonde, linéaire ou en S, sans perte de substance saignante, de taille inférieure à celle de la paume de la main, à distance d’un orifice naturel, peu ou pas souillée, sans fracture ou luxation fermée sous-jacente, non délabrante. Si un seul de ces critères est exclu, la plaie ne peut être considérée comme simple et l’infirmier ne peut la suturer.
Tout patient est concerné, à l’exception de ceux à risque de chronicisation, ou ayant refusé l’intervention de l’infirmier, ou présentant une agitation liée à une confusion, une démence, une consommation de stupéfiants ou d’alcool ou manifestant une agressivité manifeste.
Le patient doit avoir été informé et avoir donné son consentement éclairé à la réalisation de la suture par l’infirmier.
L’infirmier doit avoir reçu une formation à la réalisation d’une suture avec des points simples, avec colle, avec agrafe, ainsi qu’à la réalisation d’une anesthésie locale et aux conditions d’asepsie conformes.
Que peut faire l’infirmier concrètement ?
La réalisation des sutures n’est pas une compétence propre.
Elle s’exerce sur prescription d’un médecin, intervenant après plusieurs étapes :
l’infirmier sollicite le médecin pour toute situation pouvant relever de ce protocole ;
le médecin explore la plaie, effectue le lavage, le parage, etc., en présence de l’infirmier ;
il élimine les éventuels corps étrangers ;
il s’assure que le patient répond bien aux critères d’inclusion ;
il prescrit si besoin un antalgique et pose l’indication de la suture et de la technique à utiliser.
Une fois qu’il dispose de la prescription du médecin, l’infirmier doit réaliser plusieurs étapes :
vérifier le statut vaccinal antitétanique et si le patient n’est pas à jour, prescrire et administrer le vaccin ;
réaliser l’anesthésie locale ;
réaliser la suture selon la technique préalablement déterminée par le médecin ;
rédiger un compte-rendu dans le dossier de soins informatisé ;
rédiger une ordonnance de sortie portant sur les soins de plaie (ablation de fils ou d’agrafes, en précisant dans quel délai).
En cas de difficulté, le médecin doit toujours être joignable et pouvoir intervenir à tout moment et il doit contrôler la suture lors des premières délégations.