Pas encore mise en place au Maroc, faute à la législation marocaine en matière de santé, l’hospitalisation à domicile (HAD) s’est développée en parallèle dans de nombreux autres pays.
Dans une récente monographie en France, la Fédération nationale des établissements d’hospitalisation à domicile (FNEHAD) étudie les différents types de structures mises en place à l’international.
À l’occasion de la 20ème Journée nationale de l’hospitalisation à domicile, le 7 décembre 2016, la Fédération nationale des établissements d’hospitalisation à domicile (Fnehad) a publié un rapport sur l’hospitalisation à domicile dans le monde. Elle classe ainsi les HAD selon les types de prise en charge réalisés et leur niveau de développement sur les territoires.
En France, des structures polyvalentes en expansion
Le territoire français dénombre 308 établissements d’hospitalisation à domicile, dont 126 structures publiques, 125 structures privées non lucratives et 57 structures privées.
En 2015, 25 % de leur activité était consacrée aux pansements complexes et soins spécifiques, stomies compliquées, 24 % aux soins palliatifs, 11 % aux soins de nursing lourds, 7 % à la nutrition entérale et 6 % au traitement intraveineux. En moyenne, 19,19 patients sont pris en charge par jour pour 100 000 habitants, durant 25 jours (durée moyenne de séjour).
En Espagne et en Australie, deux pays dont la typologie des HAD se rapproche de celle de la France, respectivement 6 et 8,09 patients sont pris en charge par jour pour 100 000 habitants. En Espagne, les patients en HAD sont principalement traités pour des soins palliatifs oncologiques (27%), des soins palliatifs non oncologiques ou encore des soins post-opératoires. En Australie, ils sont suivis pour des thromboses veineuses, de l’apnée du sommeil ou encore des embolies pulmonaires. Les trois pays ont adopté le même schéma de développement, mais la gestion du système de santé diffère et les territoires sont inégaux en matière de densité, engendrant des organisations et des types de soins différenciés.
En moyenne, en France, 19,19 patients sont pris en charge par jour pour 100 000 habitants.
Un développement limité au sein des autres États
En raison notamment de l’absence ou de la limitation de financements dédiés, l’hospitalisation à domicile peine à se développer dans de nombreux pays. Ainsi, bien que le concept d’HAD soit né aux États-Unis en 1947, à ce jour, elle n’est développée qu’à à titre expérimental ou local dans quelques établissements de santé pour des prises en charge principalement gériatriques. Dans d’autres États, comme en Italie, ou au Canada, la segmentation de la régulation de l’offre de soins conduit à un développement hétérogène de l’HAD. En effet, bien souvent, ce sont les régions qui sont compétentes en la matière, et elles n’ont pas toutes choisi de développer l’hospitalisation à domicile.
Par ailleurs, au sein des territoires où l’HAD s’est récemment implantée (Pays-Bas, Nouvelle-Zélande, Écosse, Algérie…), elle est généralement vue comme un moyen d’éviter l’hospitalisation des personnes âgées, et les structures sont adossées aux hôpitaux conventionnels. La mise en place de projets locaux ou de politiques nationales favorisent son développement.
105 008 patients ont été pris en charge en HAD en 2015 en France.
« D’ici 2023, l’activité d’HAD devra avoir doublé »
En France, entre 2014 et 2015, l’activité de l’hospitalisation à domicile a progressé de 4,6 %, contre 1,7 % entre 2013 et 2014. Anne-Marie Armanteras de Saxcé, directrice générale de l’offre de soins, indique que les « efforts resteront soutenus car d’ici 2018, l’activité d’HAD devra avoir doublé pour atteindre un seuil de 30 à 35 patients par jour pour 100 000 habitants ». Pour Agnès Buzyn, présidente de la Haute Autorité de Santé (HAS), l’installation de l’hospitalisation à domicile dans le paysage sanitaire s’inscrit dans une évolution sociétale et se traduit par une stratégie ambitieuse des pouvoirs publics pour élargir la place de l’HAD en cohérence avec le virage ambulatoire
. Rappelons néanmoins qu’en mai 2016, des représentants des infirmiers avaient jugé inadéquates certaines admissions de patients en HAD, notamment sur les activités de prise en charge des pansements complexes qui peuvent être effectuées par les infirmiers libéraux.
Fin 2016, la ministre des Affaires sociales et de la Santé, Marisol Touraine, a annoncé qu’à compter du 1er mars 2017, les personnes âgées résident en EHPAD pourront accéder à un ensemble de soins qui étaient jusqu’ici soumis à des restrictions (assistance respiratoire, soins palliatifs, nutrition parentérale, chimiothérapie anticancéreuse…) au sein de leur résidence. Cette décision a été saluée par la FNEHAD qui reste tout de même en attente de plusieurs mesures susceptibles de favoriser le développement de l’hospitalisation à domicile comme le maintien d’une évolution positive des tarifs, le financement des traitements coûteux hors liste en sus en cohérence avec les dépenses effectives des établissements ainsi qu’une réforme ambitieuse de la tarification.