Deux modalités d’intervention au domicile en psychiatrie
En psychiatrie, les deux formes d’intervention au domicile en psychiatrie sont les visites à domicile (VAD) et les hospitalisations à domicile (HAD). Les visées de la VAD sont multiples et dépendent des patients, de leur pathologie et de l’orientation thérapeutique recherchée. Elle n’est pas réservée à une catégorie diagnostique. Ce sont les composantes du fonctionnement et les conséquences des troubles de la personne qui vont décider de sa mise en place. Sur prescription médicale, les VAD ont plusieurs objectifs principaux : l’évaluation, la prévention, la dispensation de soins par exemple l’injection de neuroleptique à action prolongée (NAP), y compris la gestion des crises, mais aussi l’accompagnement à la réhabilitation, la coordination et la collaboration avec les partenaires associés dans la mise en œuvre du projet de vie. La visite à domicile est un acte à visée thérapeutique, selon le projet thérapeutique du patient. Du suivi de patients psychotiques stabilisés demandeurs de soins aux accompagnements dans le cadre d’injonctions thérapeutiques de soins, notamment dans le cas d’hospitalisations sous contrainte (les programmes de soins), la diversité est telle qu’il est impossible aujourd’hui d’imaginer la mise en place de visite à domicile sans prendre en compte l’individualisation de ce type de soin et son caractère parfois intrusif.
Des étapes-clés à respecter
Les patients étant très sensibles aux variations de leur environnement, l’infirmier à domicile doit ensuite rapidement évaluer leur humeur du jour, par exemple en parlant avec eux de tout et de rien. En effet, plus on communique, plus il y a des chances que la visite se passe bien. En fin d’intervention, il convient de fixer le prochain rendez-vous et veiller à ce que le patient le note dans son agenda.
Deuxième règle, l’infirmier à domicile doit prendre ses distances à l’égard du malade sur le plan intellectuel, ne surtout pas se faire happer
. Il convient ensuite fixer, en accord avec lui, des objectifs afin d’inscrire chaque visite dans un processus dynamique : comment voit-il sa prise en charge ? Qu’attend-il de l’infirmier qui se déplace à son domicile et s’assure de la bonne prise du traitement ?… Il est nécessaire d’instaurer une sorte de colloque singulier, un dialogue qui permette à l’infirmier à domicile d’instaurer autant que possible un rapport de confiance. En clair, le savoir être est primordial. Par expérience, je constate que le fait d’être vrai avec les patients facilite l’apprentissage de la résilience
. Et de rappeler qu’un patient psychiatrique stabilisé peut retourner vivre à son domicile. La question est de savoir si les patients sont dangereux pour eux-mêmes ou pour autrui.
A cet égard, l’infirmier à domicile devrait de s’assurer régulièrement de la capacité du patient à gérer les tâches du quotidien comme ouvrir son courrier, payer ses factures, faire ses courses.
Travailler main dans la main
A noter qu’en pareil cas l’infirmier à domicile ne doit pas être livré à lui-même. Il est impératif qu’il officie en coordination avec la famille, ce qui s’avère à la fois primordial, notamment pour que le patient adhère aux soins, mais pas toujours simple à mettre en place.
D’autant que la présence d’un infirmier chez le patient est en général assez brève, même s’il n’est pas rare qu’il leur arrive de passer 25 min pour administrer trois comprimés chez un patients psychiatrique.
En somme, les infirmiers à domicile doivent faire preuve d’un sens aigu de… psychologie pour eux comme pour leurs patients atteints de troubles mentaux. Le travail réalisé par les infirmiers de secteur psychiatrique favorise certes le retour à domicile. Mais les infirmiers à domicile sont aussi là pour créer du lien social dans la mesure où ils incarnent parfois le premier contact venant de l’extérieur. Ce lien est indispensable car les troubles psychiques sont source d’angoisse, d’anxiété et d’isolement. De ce fait, une grande responsabilité pèse sur leurs épaules.
D’autant qu’en psychiatrie, les visites à domicile, en particulier d’infirmiers, sont désormais monnaie courante. Plusieurs raisons à cela. D’abord parce qu’on estime que l’autonomie psycho-sociale des patients constitue l’essence-même du soin. Par ailleurs, la prise en charge des traitements neuroleptiques et antipsychotiques a connu de réelles avancées. Enfin, restrictions budgétaires obligent, la suppression de lits en secteur psychiatriques à l’hôpital est devenue une constante.